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Une certaine figuration
Pourquoi peindre ?
Portraits (l'humanité mal partie ) ...ou affreux, sales et (parfois ) méchants
Je situe mon travail dans le courant " expressionniste", un courant né au début du 20 ème où les peintres proposaient une vision pessimiste de leur époque ...(l'histoire allait leur donner raison avec la 1ère guerre mondiale )
Je peins parce que je suis en colère...Je peins parce que je suis pessimiste...parce que je suis triste...Je peins parce que parfois il fait nuit à17h et qu'il pleut ...Il y a dans ma peinture des soirées de dimanche quand tombe la nuit et que les gens sont partis , la peur de la fin des choses...
Je peins parce que je parle mal...je peins des mots, des maux sur des toiles blanches
D'aucuns disent que mes sujets sont noirs mais le traitement lumineux...Je leur dis que je suis un pessimiste optimiste, que j'ai le désespoir gai,la tristesse lumineuse, la mélancolie radieuse....
.Je peins mes états d’âme, mon humeur, mon émotion de l’instant .Comme tout un chacun, c’est une terre de contraste, tantôt gaie, tantôt triste, rendue par le choix des couleurs, du noir profond au blanc lumineux, des ocres terreux . Tantôt fluide, tantôt lourde,marquée par les traces que la vie laisse en nous, par les empreintes indélébiles, par des rencontres, ma peinture est silencieuse ... Je griffe, je gratte, je rouille, je dérouille . . Parfois une éclaircie dans l’obscurité....Par le côté lisse ou rugueux, par les failles, les aspérités, c’est comme un paysage...Un paysage intérieur
C'est un combat ,je peins l'équilibre .Je le cherche ...
Je peins la vie , enfin j'essaie . Le monde actuel ne me plaît pas ...même si parfois, ici ou là, il y a une petite lumière qui s'allume.
Je peins des écorchés...dans un monde abîmé...Ils ne sont pas complètement monstrueux, pas tous, certains sont encore capables d'empathie et posent la main fraternellement sur l'épaule de l'autre...Mais souvent le puissant, le grand, le fort, le gros tabasse le faible....Le monde est cruel, l'homme aussi parfois ...
Mes personnages sont nus, démunis, fragiles comme au premier jour,parfois rafistolés,parfois recousus....Ils n'ont rien ...
La matiière épaisse collée sur les toiles à la spatule de chantier donne vie au personnage. Ils sont gorgés de sang comme les moustiques que l'on écrase . La chair palpite, part en lambeaux parfois,pendouille.Ils sont dans le questionnement / pourquoi ? que va t'il encore nous arriver ? qu'avons nous fait ?
Je peins les hommes que la vie tabasse, je regarde ce qu'il y a derrière le portrait....perte de répères, d'emploi, blessures, solitude....la liste est longue .De la matière va naître le visage,le corps boursouflé souvent...Aller derrière la peau, lire l'histoire....Aller au delà du visage...entrer dans la chair, dans la vie qui palpite derrière, qui a laissé des traces , écrit sur les rides comme sur des lignes...dire la vie qui cogne, jamais à court d'idées pour ça...dire la solitude, la perte d'identité, la difficulté d'être, dire la chair meurtrie ...dire l'humanité embarquée sur un radeau frêle et qui s'interroge, regarde en haut puis baisse la tête , vaincue. Dire les masques que l'on porte, qui collent à la peau, la chair qui vient quand on les enlève.
Mes personnages sont dubitatifs, se demandent ce qui se passe...Ils semblent inadaptés au monde qui les entoure..
Certains se fondent dans le décor, le fond fait partie d'eux comme si ils disparaissaient...Dans un monde de plus en plus moche, la beauté devient une obligation mais mes personnages ne sont pas beaux selon les canons en vigueur ou rendus laids peut-être...La folie n'est jamais loin, l'enfance non plus, la comédie est proche...Ils sont parfois cruels comme peut l'être la vie....
Et, à y bien regarder , il y est aussi souvent du temps qui passe, qui abîme tout, hommes comme objets...
Puis peindre, c'est retrouver le petit garçon qui jouait seul, assis par terre, à construire des maisons forestières, fier
Je mets tout ça dans ma peinture, j'essaie . Je peins l'âme humaine...Finalement...Dans sa noirceur, dans sa lumière ...dans sa complexité. Comme un paysage .
Ma route de peinture est jalonnée de rencontres avec le travail de grands maîtres, que je considère comme tels et qui me donnent envie de m'améliorer chaque jour, tout en mesurant l'étendue du terrain que je dois parcourir...D'abord les peintres de la matière comme Antoni Tapiès, Miguel Barcelo....Puis les chinois comme Zao Wou Ki et Wang yan Cheng et plus proches géographiquement de nous, les français Paul Rebeyrolle et Jean Rustin...
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